L'économie belge soutenue par la résistance de la consommation
L'économie belge a fait preuve de résilience en 2023 grâce à la consommation privée. La raison de cette consommation plus forte est l'indexation automatique des salaires belges sur les prix (il s'agit à l'origine d'un système public, mais traditionnellement copié par la plupart des syndicats/employeurs et avec un décalage de plusieurs trimestres) qui a probablement poussé les salaires horaires à plus de 8 % en 2023, après une augmentation déjà élevée de 5,5 % en 2022. En outre, le pouvoir d'achat des ménages en 2023 a été soutenu par des réductions d'impôts, les tranches de revenu personnel ayant été indexées en janvier 2023 sur la base des chiffres de l'inflation de 2022. Pour 2024, les salaires réels devraient rester stables, les salaires augmentant au même rythme que l'inflation - qui devrait encore ralentir. D'autre part, les investissements résidentiels privés sont affectés par l'augmentation des coûts de financement due à la hausse des taux d'intérêt. Cela devrait rester le cas en 2024. Les investissements des entreprises devraient également rester modérés en 2023 et pourraient même constituer un frein à la croissance au cours de l'hiver, jusqu'à ce qu'elle se redresse progressivement au cours de l'année 2024. Avec l'augmentation automatique des salaires, les coûts salariaux des entreprises ont explosé ces dernières années et continueront d'augmenter. Pour soutenir les entreprises, le gouvernement a introduit des mesures visant à réduire considérablement leurs cotisations de sécurité sociale et elles ont profité de la réduction de la TVA sur l'électricité et le gaz de 21 % à 6 %, ce qui leur a donné une plus grande marge de manœuvre. Cependant, alors que pour les ménages privés, la TVA réduite est restée en vigueur jusqu'à probablement la fin de l'année, elle n'est restée en vigueur que jusqu'à la fin du mois de juin 2023 pour les entreprises. La charge salariale élevée a également un effet sur le commerce extérieur. Alors que grâce au pouvoir d'achat relativement plus élevé des Belges, leurs importations devraient rester robustes, la perte de compétitivité-prix des produits belges a entraîné une baisse des exportations initiales (40 % des exportations belges vers le reste de l'Union européenne sont des importations orientées vers le transit). Ce problème persistera également en 2024. Un faible soutien devrait également provenir des dépenses publiques, qui ne devraient croître que modérément et seront concentrées sur des projets d'investissement locaux datant d'avant les élections de l'été 2024. Dans le sillage d'une croissance économique très faible dans la zone euro, combinée à un taux d'inflation en baisse, la BCE devrait adopter un mode "attentiste" après un resserrement brutal entre juillet 2022 et septembre 2023. Les taux d'intérêt devraient toutefois rester à ce niveau élevé au cours du premier semestre 2024 et probablement plus longtemps encore.
Un double déficit persistant
Le déficit public devrait à nouveau augmenter en 2023. Bien que les mesures temporaires liées à la pandémie aient été levées et que les mesures de soutien à la guerre en Ukraine aient diminué, les coûts de financement de la dette publique ont sensiblement augmenté par rapport à l'environnement de faibles taux d'intérêt, la réduction de la TVA sur l'électricité et le gaz apparaît dans les comptes, les investissements publics ont augmenté (défense, infrastructures régionales et investissements des autorités locales) et, en raison de l'indexation automatique des salaires publics et des pensions générales, les coûts salariaux publics ont fortement augmenté. En 2024, le déficit ne devrait diminuer que légèrement. Alors que les mesures temporaires liées à l'énergie et à l'Ukraine seront éliminées, les coûts liés au vieillissement de la population (augmentation des pensions) augmenteront et les investissements des collectivités locales devraient atteindre leur maximum avant les élections de l'été 2024. La dette publique restera donc très élevée et sa viabilité sera l'un des principaux défis, les règles budgétaires européennes, suspendues en 2020, s'appliquant à nouveau en 2024. En outre, les coûts de financement resteront bien plus élevés que les années précédentes, car la BCE débarrasse son portefeuille d'actifs résultant de sa politique d'assouplissement quantitatif de la dernière décennie. La BCE a déjà arrêté les réinvestissements de son programme APP en juillet 2023.
La balance courante devrait rester déficitaire mais s'améliorer en 2023 et 2024, grâce à de meilleures conditions commerciales (principalement du côté des importations grâce à une facture énergétique moins élevée - mais toujours élevée) et à une augmentation du solde primaire, qui inclut les bénéfices des investissements à l'étranger. Toutefois, compte tenu de l'atonie de la demande de produits belges dans les principales destinations d'exportation (c'est-à-dire l'Allemagne, les Pays-Bas et la France), combinée à la vigueur des importations, la balance des opérations courantes restera déficitaire.
Répétition possible de la coalition Vivaldi après les élections de juin 2024
Le Premier ministre Alexander De Croo, un libéral flamand, est à la tête d'une vaste coalition qui dispose de 87 sièges sur 150 à la Chambre des représentants. Cette coalition est connue sous le nom de coalition "Vivaldi" en raison de sa composition en quatre groupes : socialistes, libéraux, écologistes et démocrates-chrétiens. Elle comprend sept partis : le PS francophone, avec 19 sièges, et les socialistes néerlandophones Vooruit (9) ; Ecolo francophone (13) et les écologistes néerlandophones Groen (8), le MR francophone (14) et les libéraux néerlandophones Open VLD (12), ainsi que les démocrates-chrétiens flamands CD&V (12). Les idéologies des partis ne sont pas alignées, mais le gouvernement a réussi à se maintenir au pouvoir. Cette résistance s'explique notamment par la crainte de voir des partis extrémistes accéder au pouvoir, après que les nationalistes flamands d'extrême droite (VB) ont enregistré leur plus forte progression en termes de voix lors des dernières élections de 2019.